Quel outil de mesure des temps utiliser ?
Introduction
Dans l’industrie manufacturière moderne, optimiser et réduire les temps de cycle est un objectif crucial pour maintenir la compétitivité et la rentabilité. Les entreprises doivent non seulement produire plus rapidement mais aussi plus efficacement, tout en maintenant une qualité irréprochable.
Pour y parvenir, il est essentiel de disposer des bons outils de mesure des temps à chaque étape du projet. Ces outils permettent d’optimiser les produits dès conception, d’identifier les inefficacités, d’améliorer les processus et d’équilibrer les lignes de production.
Cet article se penche sur les principales méthodes et outils disponibles, notamment les méthodes de temps prédéterminées comme MTM2, GSD et SMB, ainsi que le chronométrage.
Nous examinerons leurs rôles, avantages et inconvénients, et pourquoi il est important d’utiliser ces outils pour les études des temps dans le dossier technique dès la conception et tout au long de la production.
Méthodes de temps prédéterminées : des méthodes de prévision
Les méthodes de temps prédéterminées (MTP) sont des outils essentiels pour optimiser et réduire les temps de cycle. Nous présentons ici 3 méthodes internationalement reconnues : MTM2, GSD et SMB.
Ces méthodes décomposent chaque tâche en éléments de base et attribuent un temps standard à chacun. Cela permet une analyse détaillée, précise et flexible des processus.
Elles permettent une estimation rapide et précise des temps et la construction fiable de catalogues de temps spécifiques, indispensables aux entreprises :
- MTM2 (Methods-Time Measurement) : est parmi les plus utilisés dans l’industrie. Cette méthode est basée sur les mouvements du MTM1 suivants : atteindre, saisir, mouvoir, positionner et lâcher pour les regrouper en 2 mouvements majeures : Prendre et Placer (Get et Put).
Elle est facile d’apprentissage, simple et précise d’utilisation. De plus, elle est polyvalente et s’adapte bien à de nombreux secteurs industriels. - GSD (General Sewing Data) : Regroupe des séquences de temps spécifiquement conçu pour l’industrie de l’habillement. Ses « blocs » de temps sont construits à partir des mouvements de base MTM2 (Get et Put) pour permettre le chiffrage temps très rapide.
La base de données de temps GSD fournie un standards adaptable pour toutes les opérations de couture. La complémentarité de GSD avec la méthode MTM2 donne toute la puissance à la méthode pour couvrir l’essentiel des activités manuelles mais permet aussi de calculer les temps technologiques (temps machines). - SMB (Standard Manutention de Base) : Regroupe des séquences de temps spécifiquement conçu pour la fonction logistique interne dans l’industrie et les sites de stockages.
La complémentarité de SMB avec la méthode MTM2 donne toute la puissance à la méthode pour couvrir l’essentiel des activités des opérations de manutention. SMB fournit une base de données de temps standards pour les opérations manuelles et technologiques des nombreux engins de manutention.
Ces méthodes de temps prédéterminées disposent toutes d’applications informatiques spécifiques.
Ces outils informatiques les rendent faciles et rapides d’utilisation. Elles permettent de simuler rapidement des scénarios a priori permettant d’analyser les impacts de productivités avant d’engager des acquisitions de matériels ou des modifications dans l’atelier ou le produit.
De plus, elles sont le pilier de la base de données temps (catalogues de temps) spécifique et indispensable à l’entreprise.
1.1 Avantages des temps prédéterminés:
Intitulés | Détails |
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Ils peuvent être calculés et utilisés a priori. | Le temps d’un mode opératoire peut être déterminé sans devoir l’observer, ce qui est utile lors d’une phase de conception. |
Partage de l’étude. | L’analyse peut être menée à plusieurs (notamment en intégrant les opérationnels), favorisant l’appropriation de la démarche. |
Le jugement d’allure n’est pas nécessaire. | Ils permettent de s’affranchir du jugement d’allure, qui est nécessaire pour des temps déterminés par chronométrage. |
Des temps non calculés en fonction d’un opérateur et plus transparents. | Ils peuvent être perçus comme socialement plus facile à utiliser que le chronométrage, et faire l’objet de moins de controverses. |
Obtention des temps avant la mise en place réelle du poste ou de l’opération. | Leur utilisation permet de valoriser des temps à priori, même si le poste est inexistant, contrairement au chronométrage qui nécessite une mesure directe. |
Décomposition fine du mode opératoire. | Ils permettent la critique et l’optimisation du mode opératoire utilisé, en mettant en lumière les mouvements, ou les séquences fortement consommateurs de temps. |
Création de catalogue de temps standards. | Ils permettent de créer des catalogues de mode opératoire permettant le chiffrage rapide de nouveaux produits. Ils facilitent facilement l’adaptation si certaines opérations sont différentes. |
1.2 Inconvéniants des temps prédéterminés:
Intitulés | Détails |
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Risque d’intégration inutile ou oubli de gestes. | La possible déconnexion du terrain, et du mode opératoire réellement utilisé, s’ils ne sont pas accompagnés d’observations directes. |
La nécessité d’être formé et rompu à ces techniques. | La manipulation de tables de temps prédéterminés demande beaucoup d’habitude et d’entrainement. Le risque est d’obtenir des temps inexacts. |
Ne s’applique qu’aux temps manuel. | Leur limitation à des temps manuels. Les temps technologiques doivent être mesurés autrement. |
Peut-être chronophage. | Selon la complexité de l’étude, le calcul peut être complexe et nécessiter une longue analyse. |
Chronométrage : une méthode complémentaire
Le chronométrage consiste à mesurer directement sur le poste de travail le temps pris pour réaliser chaque tâche à l’aide d’un chronomètre et du jugement d’allure. Le chronométrage est une méthode traditionnelle efficace pour optimiser et réduire les temps de cycle.
Avec de nombreuses mesures de temps, corrigées du jugement d’allure ou jugement d’efficacité ou jugement global d’activité, le chronométrage permet de donner un résultat satisfaisant pour l’ensemble des opérateurs.
Il existe aussi des applications informatiques spécifiques et des chronomètres électroniques facilitant le dépouillement des relevés réalisés sur le poste.
1.3 Avantages du Chronométrage:
Intitulés | Détails |
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Permet de comparer les temps prévus et les temps réels. | – Mesure direct sur les postes, – Outils très complémentaire de l’analyse MTM grâce à son approche pragmatique. |
Permet de suivre la progression de formation. | Mesure directe du temps sur poste. |
Fourni rapidement une information du temps passé. | – Pratique pour la mesure des temps en atelier, – Utile pour des tâches non standardisées, – Détection de situations non prévues. |
Implication de l’opérateur. | Si méthode acceptée, permet l’implication de l’opérateur. |
Permet de mesurer directement le temps sur poste. | – Les Aléas, – Les attentes, – L’allure de l’opérateurs, – La progression des formations. |
Adaptable à tous types de production. | – Simplicité d’application, – Peut être utilisé pour tous type de production. |
1.4 Inconvéniants du Chronométrage:
Intitulés | Détails |
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Ne peut s’appliquer que sur un mode opératoire déjà en place. | Il n’est pas possible de déterminer ainsi des temps pour un mode opératoire prévu, mais jamais réalisé. |
Implication de l’opérateur. | Si n’est pas bien expliqué et introduit, peut susciter du rejet, notamment de la part de la personne observée. |
Nombre de prises de temps et précision, Nécessite plusieurs observations pour obtenir une moyenne fiable. |
Peut nécessiter de nombreuses prises de temps, afin d’obtenir un temps statistiquement représentatif. Pour les opérations fréquentielles, il peut être difficile d’obtenir une telle qualité. |
Jugement d’allure. | Le jugement d’allure est nécessaire, afin de standardiser les temps. Ce jugement demande une pratique soutenue, que peu de personnes possèdent. |
Le pendulage n’est pas du Chronométrage. | Le pendulage ne demande pas beaucoup de critique : on mesure ce que l’on voit, sans analyser le bien-fondé des mouvements et opérations. |
Enfin, il s’agit d’un exercice solitaire. | Sujet aux erreurs humaines, Moins détaillé que les temps prédéterminés. |
Combinaison des méthodes de temps : le meilleur des deux mondes
Notre expérience montre qu’il est souvent bénéfique de combiner les méthodes de temps prédéterminées et le chronométrage pour optimiser et réduire les temps de cycle.
- Études de postes de production : Utiliser Les méthodes de temps prédéterminées pour établir des temps standards et le chronométrage pour valider ces temps dans des conditions réelles.
- Optimisation du processus de fabrication : Commencer par des analyses de temps prédéterminées pour les tâches spécifiques, puis affiner avec le chronométrage pour des ajustements précis.
- Équilibrage de ligne de production : Intégrer les données des méthodes de temps prédéterminées avec les observations chronométrées pour équilibrer les charges de travail et réduire les goulots d’étranglement.
L’importance des études de temps
Les études de temps technique doivent être intégrées dès la conception du produit et se poursuivre tout au long de sa durée de vie. Elles permettent de :
- Capitaliser des informations précieuses : Créer un historique détaillé des temps de production pour des produits similaires futurs.
- Créer des gammes de fabrication optimisées : Utiliser les données de temps pour améliorer continuellement les processus.
- Former les techniciens méthodes : Offrir des formations basées sur des données réelles pour améliorer les compétences et l’efficacité.
Conclusion
Optimiser et réduire les temps de cycle est essentiel pour rester compétitif dans l’industrie manufacturière. Les outils de mesure des temps, tels que MTM2, GSD, et le chronométrage, jouent un rôle crucial dans cette optimisation.
En combinant ces méthodes, en intégrant les études de temps dès la conception et en formant les techniciens méthodes, les entreprises peuvent améliorer leur efficacité, réduire leurs coûts et augmenter leur productivité. Il est donc impératif de choisir les bons outils et de les utiliser de manière complémentaire pour maximiser les bénéfices tout au long du cycle de vie du produit.
Et pour compléter notre conclusion :
Les outils méthodes et temps évoluent au rythme du besoin. Il faut utiliser le bon outil au bon moment et ne pas avoir d’à priori lorsqu’il s’agit de maintenir la performance du projet.
Toutefois, avant de se focaliser sur le temps avec les TMU ou les secondes, il faut toujours se poser ces 2 questions :
- L’optimisation des temps de fabrication est-il le seul moyen de réduire le coût des produits ?
- L’optimisation des temps est-il aussi déterminant dans la réduction des délais d’obtention ?
En effet, les temps de fabrication ne sont certainement pas les seules clés qui permettent la réduction des coûts et des délais. Penser le contraire serait n’avoir qu’une vision réduite de l’organisation industrielle.
Le calcul du temps permet d’organiser le plus efficacement possible le travail pour effectuer les tâches. Toutefois, le temps n’est qu’un indicateur. Le fond du problème n’est pas le temps uniquement que nous pouvons gérer.
Il faut avant tout se concentrer sur la méthode de travail choisie.
C’est la raison pour laquelle la complémentarité des méthodes de temps (prédéterminés et chrono) est de plus en plus utilisées en appuis d’outils d’organisation.
Ils seront combinées avec d’autres méthodes d’organisation comme : la Matrice d’Eisenhower, Principe de Pareto, Analyse ABC, Lean Management, Observations instantanées, méthode Kaizen, méthode Kanban, méthode SMED…
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